Tracy Arm, les glaciers
Tracy Arm (57°48.40’ N, 133°37.87’ W) | ![]() |
A l’entrée des fjords de Tracy et Endicott Arm, dans la large baie de Holkham, quelques beaux icebergs dérivent lentement. On s’est approché de plus près pour les admirer. Un magnifique glacier, le Sumdum Glacier, empli tout un pan de montagne mais s’arrête avant de toucher l’eau.
Deux bouées de chenal balisent l’entrée pour Tracy Arm, elles sont toutes cabossées, et on comprend bien pourquoi à la vue de la quantité d’icebergs qui sont là. Ils sont de toutes les tailles, et certains assez gros : un peu plus de 2 fois notre longueur (25 mètres à vue d’œil), sur 10 bons mètres de haut qui dépassent en surface. Les loutres et les phoques les apprécient !

On a mouillé dans la petite baie à l'entrée du fjord, avec plusieurs icebergs assez costauds autour, qui dérivaient lentement. Quelques uns sont entrés dans le mouillage, passés près du bateau mais sans nous toucher. On a passé une bonne nuit malgré tout !
Dans les glaces de Tracy Arm
Le lendemain, départ à 6h20 pour remonter le fjord jusqu'au glacier qui est au bout. C'est un seul immense glacier qui a 2 bras qui tombent dans Tracy Arm, au Nord et au Sud. On a slalomé tranquillement entre les gros glaçons espacés, en compagnie d'un paquebot et de sa navette. Le gros n'est pas allé loin, c'est sa navette qui a ensuite emmené les gens aux glaciers.
Ensuite d'autres icebergs plus petits et plus fondus se sont mêles aux autres. Ceux-là étaient plus dangereux, parce que transparents, donc pas visibles de loin, et toujours avec un beau volume (2 à 3 m2 en surface, dessous on ne voit rien, l'eau est verte laiteuse, mais ils sont sans doute aussi gros).

La montée du fjord nous a pris 6h. Malgré la bonne marée, on avait un courant contraire résiduel, et le vent dans le nez (il suit le fjord).
Tracy Arm est donc un fjord, long de 22 milles, étroit et très encaissé, avec des montagnes entre 1300 et 1900 m d'altitude qui tombent à pic (il y a 300 m de fond dans le fjord), toutes enneigées au sommet, et avec de belles cascades sur les flancs. C'est très beau.
Mais très froid aussi malgré le soleil (8°), heureusement on n'avait pas vraiment rangé les affaires d'hiver (on aura passé un super été !!), et avec gants, bonnet, écharpe et surtout combinaison de sous-marinier, c'était très bien.

Cinq milles avant les glaciers il a commencé a y avoir une plus grande concentration de glaces, de toutes tailles, toutes couleurs (du blanc pur au bleu soutenu), aux formes gracieuses ou tourmentées. Là il a fallu être plus vigilants, un à la barre et l'autre à l'avant pour essayer de trouver des passages pas trop serrés entre les glaces. On s'en est bien tirés presque jusqu'au pied du glacier Sud, à grands renforts de zigzags serrés. Ensuite c'était vraiment trop encombré, on n'a pas osé s'approcher plus. Déjà là on était dans un champ de glaces avec des espaces libres pas plus larges que 2 m2 entre elles.

C'était magnifique, le glacier tombe à pic dans l'eau, c'est un mur de glace, avec de belles crevasses bleues. Ca fait un énorme bruit sourd quand des blocs tombent dans l'eau, et une grosse éclaboussure.
On était trop loin pour sentir l'effet de la vague, par contre on en a senti d'autres : il y a 3 ou 4 bateaux moteur de charters qui sont passés à fond à travers les glaces (ils doivent avoir un prix au chantier pour refaire le gelcoat), en virant brusquement pour éviter les plus grosses. Ca fait des remous et des vagues, qui poussent les glaces dans tous les sens, et quelques unes nous ont cogné. Mais comme on était à l'arrêt, on dérivait à peu près à la même vitesse qu’elles, donc pas de mal. Ca ébranle tout de même un peu le bateau de se prendre un gros glaçon...

On est resté un moment à dériver tranquillement, à admirer le glacier, et les glaces autour de nous. Elles bougent beaucoup, certaines se cassent, d'autres menacent de se retourner. Le glacier Sud est très actif, on a vu 5 ou 6 blocs se détacher en une ½ heure environ.
Ensuite on est parti pour voir le 2ème glacier, au Nord. Un gros bateau moteur a décidé de partir aussi, et on a profité de son large sillage, libre de glaces. Ce glacier est beaucoup moins actif, donc beaucoup plus dégagé, on a pu avancer jusqu’au pied. Enfin pas trop près quand même, parce que c'est très impressionnant, ce mur de glace vertical, et surtout les gros craquements secs et lugubres... Très très beau.
Hélas il a fallu songer à repartir. On a commencé à s'engager dans le champ de glace, quand 2 bateaux de charters sont passés à côté de nous, toujours à fond. Avec de grands bonjours et de grands sourires certes, mais aussi de grandes vagues. J'ai eu une grosse frayeur quand le bateau s'est soulevé sur les vagues et est retombé de tout son poids sur les icebergs... Ils ne se rendent pas compte comme c'est dangereux de passer si vite. Heureusement les glaces étaient assez arrondies pour glisser, ça fait de gros chocs, mais pas de mal autre que de l'antifouling en moins. Quelle émotion !
Le soir on était bien contents d'arriver au mouillage, c'est fatigant de naviguer dans les glaces !! On a passé une bonne journée de repos le lendemain.

Ah quelle aventure ces glaciers ! C'était magnifique, vraiment super, ça valait le coup de monter jusque là ! C'est encore plus beau qu'un glacier de montagne !
Le jour suivant, lundi 1er août, le brouillard a envahi toute la baie et le fjord. Des bateaux passaient quand même, on entendait les cornes de brume, alors que la visibilité était nulle... ils sont fous. Ce matin-là, 10° à l'extérieur, 13° à l'intérieur avant de mettre le chauffage... L'eau est à 7°, ça n'arrange rien.
Nous avons attendu la levée du brouillard, et l’étale de marée haute pour sortir par la passe.
On a croisé un voilier Japonais dans Stephens Passage. Toujours aussi rare, même si le Japon n’est pas très loin d’ici, mais les bateaux, l’équipement et les services sont tellement chers dans leur pays, qu’il y en a vraiment peu qui naviguent. On en voyait en moyenne 1 tous les 3 ans passer par Tahiti.